Je sais par quoi vous passez quand vous me faites confiance pour votre séance...
Lors de mon séjour en Italie, nous pouvions, si nous le souhaitions, poser les unes pour les autres lors des temps de prise de vue. Alors, j'ai confié mon image à mes collègues en Italie. C'était un exercice difficile et salvateur ! Voici les leçons que j'ai pu tirer de l'expérience...
Leçon n° 1: La comparaison, c'est poison!
Quand il était enfin temps de photographier, nous étions en petits groupes. Chaque groupe devait travailler avec l'une des modèles présentes, mais durant notre temps de prise de vue, nous pouvions aussi nous photographier.
J'aime poser, donc je me suis pliée avec joie à l'exercice. J'ai posé pour mes collègues un peu partout dans le château, y compris dans la fontaine, où je me suis retrouvée aux cotés d'une collègue Belge. Et elle n'y est pour rien, mais elle est... vachement bien foutue !
Quand j'ai vu le résultat de ce moment rafraichissant et joyeux dans la fontaine, mon cerveau m'a fait... une belle crasse: il a commencé à comparer mon corps à celui de ma collègue ! Et toute ma
joie autour de ce chouette moment a soudainement disparu !
Mon cœur s'est serré et les larmes sont montées... Je ne me suis plus trouvée belle et j'ai commencé à trouver plein de défauts à mon corps...
Je pensais être au clair avec mon image corporelle... Il s'avère que j'ai encore du travail ( et c'est OK).
Leçon n° 2: Les auto-portraits sont un bon premier pas, mais le chemin ne s'arrête pas là!
Je me suis demandée pourquoi il y avait une si grande différence entre les images que je capture de moi-même quand je fais des auto-portraits et le regard que posent sur moi mes collègues (et qui
donne un résultat parfois très différent).
Quand je fais mes autoportraits, je maîtrise totalement mon image. Je place l'appareil photo exactement là où je veux. Je peux vérifier, avec mon téléphone, que tout est parfait. Je me positionne
pour obtenir un résultat qui me semble esthétiquement parfait...
Mais quand un.e autre photographe est aux commandes, je ne suis plus maître de rien ! Il faut donc s'abandonner, faire confiance et accepter que le résultat puisse être difficile à regarder (car
très différent des images que l'on créerait soi-même), puis RECOMMENCER encore, jusqu'à avoir une collection d'images de soi qui nous permettent de nous voir à travers de nombreux regards. Et
accepter qu'une photo n'est qu'un arrêt sur image d'un instant T, ni plus, ni moins !
Leçon n°3: L'Amour inconditionnel de soi, c'est DU BOULOT ! (pas de baguette magique!)
J'ai pris mon temps, ce jour là, pour traverser les différentes couches d'émotions que m'avaient provoquées les quelques images vues à l'arrière du boîtier de ma collègue. J'ai pleuré en me
rendant compte que malgré plusieurs années de travail, je n'arrivais toujours pas à aimer mon corps inconditionnellement. (Je ne sais d'ailleurs pas si cela est possible, car le corps change en
permanence et notre cerveau nous pousse souvent à voir uniquement les choses qui ne vont pas !)
Puis, j'ai décidé que je ne voulais pas rester sur un échec. J'ai proposé à Nadine de recommencer, de créer une autre série d'images... Nous sommes allés sur la terrasse du château Ceconi pour
une nouvelle séquence d'images, cette fois-ci fleuries. Et Teri, en passant par là, a également fait quelques images, à la fois backstage et à la fois avec son regard sur mon corps.
Et vous savez quoi???? Ces images me mettent en joie! On y voit toute ma pudeur, tout mon amour, toute ma féminité. Oui, j'aime me voir ainsi ❤
Conclusion:
Il est intéressant d'aller voir pourquoi une image de nous ne nous plaît pas. Il est intéressant d'aller interroger les raisons qui nous font penser que cette photo n'est pas une bonne photo de nous. Il est bon de se rappeler qu'une photo est JUSTE UNE PHOTO: un arrêt du temps sur un corps en perpétuel mouvement. Et il est intéressant de multiplier les regards sur votre corps: ils révèlent tous une part de vous que vous pouvez apprendre à aimer !
Crédit: Annika Luise